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des documents
L’officier SS responsable du laboratoire photographique du camp d’Auschwitz est l’auteur du deuxième document. Son cliché a un rôle informatif, voire de souvenir en direction de la hiérarchie nazie. Il est significatif du regard scientifique et froid que portent les SS sur ce qui n’est pour eux qu’une étape d’un mécanisme administratif. Plusieurs de ces femmes et enfants lèvent les yeux vers le photographe. La photo est nette et bien cadrée. La photographie a été prise sans aucune gêne. On peut même supposer que le SS a interpellé les victimes pour qu’elles lèvent les yeux vers elle.
Le document 2 est une photographie de femmes et d’enfants hongrois marchant vers les chambres à gaz de Auschwitz-Birkenau. Elle a été prise par le SS responsable du laboratoire photographique du camp qui l’a inclue dans l’ « Album d’Auschwitz » qu’il concevait pour son commandant. Cet album est aujourd’hui conservé au Mémorial de Yad Vashem. Dans quelle mesure ces photographies nous aident-elles à appréhender le système d’extermination nazi ?
Remettez dans l’ordre les éléments qui composent les différentes parties de la réponse.
Partie I
Ces deux clichés ont été pris à Auschwitz-Birkenau. En janvier 1942 la conférence de Wannsee planifie la « solution finale », c’est-à-dire l’extermination systématique des juifs d’Europe. Auschwitz, qui était un camp de mise à mort par le travail est agrandi et devient un camp d’extermination, doté de chambres à gaz. Lorsque ces deux photographies sont prises en mai et août 1944, l’extermination a pris des proportions industrielles. La légende du document 2 précise que les femmes et enfants photographiés sont hongrois. En effet, plus de 400 000 juifs hongrois sont déportés et exterminés au printemps et à l’été 1944, ce qui fait suite à l’invasion de la Hongrie par Hitler en mars de la même année.
Elles témoignent aussi des efforts de résistance qui ont existé au sein même des camps de la mort, et de ce que l’extermination revêtait comme sens pour les SS en charge du processus.
Partie II
Le document 1, bien que pris plusieurs mois après le document 2, nous présente un témoignage de la phase suivante du processus. Les détenus, nombreux, sont déshabillés, dernière étape avant d’entrer dans la chambre à gaz. On reconnaît des femmes, nues, qui marchent vers la gauche. Au deuxième plan d’autres victimes sont en train de se déshabiller ou d’ajouter leurs vêtements à ce qui semble être un tas d’habits. La scène se situe en plein air, dans un bois. Cette photographie nous rappelle que l’extermination s’accompagne d’une déshumanisation des personnes déportées. Comme pendant la période de la Shoah par balle, on exige des victimes qu’elles se déshabillent en public et en plein air. Elles sont le plus souvent aussi tondues, ce qu’on ne peut distinguer sur la photographie. Le fait que la scène ait lieu en plein air est aussi dû au fait qu’en cette période, l’afflux de victimes est tel que les infrastructures du camp ont du mal à suivre le rythme.
Ces deux documents présentent deux moments d’un même processus de déshumanisation et d’extermination extrêmement codifiés. Le premier est une photographie anonyme prise clandestinement par un membre polonais du Sonderkommando de Auschwitz-Birkenau en août 1944.
L’objectif de son auteur est de témoigner du génocide qui est perpétré dans le camp depuis 1942. La photo, floue et mal cadrée, semble avoir été prise dans l’urgence. On y voit des détenus marchant nus et d’autres encore en train de se déshabiller.
Conclusion
Ces deux photographies présentent deux étapes du processus d’extermination. Sur le document 2, trois femmes adultes et huit enfants marchent vers les chambres à gaz, donc vers une mort imminente. Les enfants les plus âgés ont à peu près 10 ans, l’enfant le plus jeune, dans les bras d’une des femmes, n’a certainement pas deux ans. À l’arrière-plan on aperçoit un grillage électrifié et un autre barbelé. Derrière, des baraquements en bois. Les détenus n’opposent pas de résistance visible. On leur dit probablement qu’ils se dirigent vers des douches. Les enfants font de grands pas, comme s’ils devaient marcher vite. Le fait qu’ils portent leurs bagages – des balluchons – montre qu’ils n’ont pas conscience de ce qui les attend. L’absence des hommes rappelle que ceux-ci sont parfois sélectionnés pour le travail.
L’intérêt historique de ces photographies réside aussi dans leur confrontation, leurs auteurs, leurs objectifs, diffèrent fondamentalement. Le document 1 présente le point de vue des victimes, et le document 2 celui des bourreaux.
Si ces photographies sont des témoignages essentiels, elles ne présentent cependant que deux moments d’un long processus. D’ailleurs, l’album d’Auschwitz pourrait compléter nombre des étapes de l’extermination : l’arrivée des wagons à bestiaux bondés de prisonniers qui ont voyagé debout, sans eau ni vivres, et qui depuis le printemps arrivent directement dans le camp car une rampe a été construite pour cela. Le tri que les SS opèrent sur le quai à l’arrivée : les hommes et femmes sélectionnés pour le travail, que nos deux sources ne montrent pas, sont séparés des autres, qui sont gazés immédiatement. La confiscation des biens, leur tri, le gazage à proprement parler, la crémation des corps sont autant d’étapes manquantes.
Pour conclure, ces deux sources sont des témoignages inestimables de la Shoah. Elles témoignent de la manière dont l’Allemagne nazie a organisé le génocide de millions de personnes.
Pour le document 1, l’auteur est anonyme. Il s’agit d’un détenu juif polonais membre du Sonderkommando de Birkenau, donc chargé de sortir les corps des chambres à gaz et de les brûler dans les fours. Il cherche à témoigner à tout prix, au péril de sa vie. Comment a-t-il pu se procurer un appareil ? Comment l’a-t-il caché ? La photo est floue et le cadrage de travers. La qualité du cliché suggère que la photo a été prise en cachette, à toute vitesse, par un photographe qui n’a même pas pu porter l’appareil à ses yeux. Elle montre l’effort de résistance de certains déportés. Elle est aussi la preuve que ces efforts de résistance pour informer le monde ne sont pas vains : cette photographie nous est parvenue.
VALIDER
Le document 2 est une photographie de femmes et d’enfants hongrois marchant vers les chambres à gaz de Auschwitz-Birkenau. Elle a été prise par le SS responsable du laboratoire photographique du camp qui l’a inclue dans l’ « Album d’Auschwitz » qu’il concevait pour son commandant. Cet album est aujourd’hui conservé au Mémorial de Yad Vashem. Dans quelle mesure ces photographies nous aident-elles à appréhender le système d’extermination nazi ?
Ces deux documents présentent deux moments d’un même processus de déshumanisation et d’extermination extrêmement codifiés. Le premier est une photographie anonyme prise clandestinement par un membre polonais du Sonderkommando de Auschwitz-Birkenau en août 1944.
L’objectif de son auteur est de témoigner du génocide qui est perpétré dans le camp depuis 1942. La photo, floue et mal cadrée, semble avoir été prise dans l’urgence. On y voit des détenus marchant nus et d’autres encore en train de se déshabiller.
Le document 2 est une photographie de femmes et d’enfants hongrois marchant vers les chambres à gaz de Auschwitz-Birkenau. Elle a été prise par le SS responsable du laboratoire photographique du camp qui l’a inclue dans l’ « Album d’Auschwitz » qu’il concevait pour son commandant. Cet album est aujourd’hui conservé au Mémorial de Yad Vashem. Dans quelle mesure ces photographies nous aident-elles à appréhender le système d’extermination nazi ?
Ces deux documents présentent deux moments d’un même processus de déshumanisation et d’extermination extrêmement codifiés. Le premier est une photographie anonyme prise clandestinement par un membre polonais du Sonderkommando de Auschwitz-Birkenau en août 1944.
L’objectif de son auteur est de témoigner du génocide qui est perpétré dans le camp depuis 1942. La photo, floue et mal cadrée, semble avoir été prise dans l’urgence. On y voit des détenus marchant nus et d’autres encore en train de se déshabiller.
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Ces deux documents présentent deux moments d’un même processus de déshumanisation et d’extermination extrêmement codifiés. Le premier est une photographie anonyme prise clandestinement par un membre polonais du Sonderkommando de Auschwitz-Birkenau en août 1944.
L’objectif de son auteur est de témoigner du génocide qui est perpétré dans le camp depuis 1942. La photo, floue et mal cadrée, semble avoir été prise dans l’urgence. On y voit des détenus marchant nus et d’autres encore en train de se déshabiller.
Ces deux documents présentent deux moments d’un même processus de déshumanisation et d’extermination extrêmement codifiés. Le premier est une photographie anonyme prise clandestinement par un membre polonais du Sonderkommando de Auschwitz-Birkenau en août 1944.
L’objectif de son auteur est de témoigner du génocide qui est perpétré dans le camp depuis 1942. La photo, floue et mal cadrée, semble avoir été prise dans l’urgence. On y voit des détenus marchant nus et d’autres encore en train de se déshabiller.
Le document 2 est une photographie de femmes et d’enfants hongrois marchant vers les chambres à gaz de Auschwitz-Birkenau. Elle a été prise par le SS responsable du laboratoire photographique du camp qui l’a inclue dans l’ « Album d’Auschwitz » qu’il concevait pour son commandant. Cet album est aujourd’hui conservé au Mémorial de Yad Vashem. Dans quelle mesure ces photographies nous aident-elles à appréhender le système d’extermination nazi ?
Ces deux clichés ont été pris à Auschwitz-Birkenau. En janvier 1942 la conférence de Wannsee planifie la « solution finale », c’est-à-dire l’extermination systématique des juifs d’Europe. Auschwitz, qui était un camp de mise à mort par le travail est agrandi et devient un camp d’extermination, doté de chambres à gaz. Lorsque ces deux photographies sont prises en mai et août 1944, l’extermination a pris des proportions industrielles. La légende du document 2 précise que les femmes et enfants photographiés sont hongrois. En effet, plus de 400 000 juifs hongrois sont déportés et exterminés au printemps et à l’été 1944, ce qui fait suite à l’invasion de la Hongrie par Hitler en mars de la même année.
Ces deux photographies présentent deux étapes du processus d’extermination. Sur le document 2, trois femmes adultes et huit enfants marchent vers les chambres à gaz, donc vers une mort imminente. Les enfants les plus âgés ont à peu près 10 ans, l’enfant le plus jeune, dans les bras d’une des femmes, n’a certainement pas deux ans. À l’arrière-plan on aperçoit un grillage électrifié et un autre barbelé. Derrière, des baraquements en bois. Les détenus n’opposent pas de résistance visible. On leur dit probablement qu’ils se dirigent vers des douches. Les enfants font de grands pas, comme s’ils devaient marcher vite. Le fait qu’ils portent leurs bagages – des balluchons – montre qu’ils n’ont pas conscience de ce qui les attend. L’absence des hommes rappelle que ceux-ci sont parfois sélectionnés pour le travail.
Le document 1, bien que pris plusieurs mois après le document 2, nous présente un témoignage de la phase suivante du processus. Les détenus, nombreux, sont déshabillés, dernière étape avant d’entrer dans la chambre à gaz. On reconnaît des femmes, nues, qui marchent vers la gauche. Au deuxième plan d’autres victimes sont en train de se déshabiller ou d’ajouter leurs vêtements à ce qui semble être un tas d’habits. La scène se situe en plein air, dans un bois. Cette photographie nous rappelle que l’extermination s’accompagne d’une déshumanisation des personnes déportées. Comme pendant la période de la Shoah par balle, on exige des victimes qu’elles se déshabillent en public et en plein air. Elles sont le plus souvent aussi tondues, ce qu’on ne peut distinguer sur la photographie. Le fait que la scène ait lieu en plein air est aussi dû au fait qu’en cette période, l’afflux de victimes est tel que les infrastructures du camp ont du mal à suivre le rythme.
Si ces photographies sont des témoignages essentiels, elles ne présentent cependant que deux moments d’un long processus. D’ailleurs, l’album d’Auschwitz pourrait compléter nombre des étapes de l’extermination : l’arrivée des wagons à bestiaux bondés de prisonniers qui ont voyagé debout, sans eau ni vivres, et qui depuis le printemps arrivent directement dans le camp car une rampe a été construite pour cela. Le tri que les SS opèrent sur le quai à l’arrivée : les hommes et femmes sélectionnés pour le travail, que nos deux sources ne montrent pas, sont séparés des autres, qui sont gazés immédiatement. La confiscation des biens, leur tri, le gazage à proprement parler, la crémation des corps sont autant d’étapes manquantes.
Le document 1, bien que pris plusieurs mois après le document 2, nous présente un témoignage de la phase suivante du processus. Les détenus, nombreux, sont déshabillés, dernière étape avant d’entrer dans la chambre à gaz. On reconnaît des femmes, nues, qui marchent vers la gauche. Au deuxième plan d’autres victimes sont en train de se déshabiller ou d’ajouter leurs vêtements à ce qui semble être un tas d’habits. La scène se situe en plein air, dans un bois. Cette photographie nous rappelle que l’extermination s’accompagne d’une déshumanisation des personnes déportées. Comme pendant la période de la Shoah par balle, on exige des victimes qu’elles se déshabillent en public et en plein air. Elles sont le plus souvent aussi tondues, ce qu’on ne peut distinguer sur la photographie. Le fait que la scène ait lieu en plein air est aussi dû au fait qu’en cette période, l’afflux de victimes est tel que les infrastructures du camp ont du mal à suivre le rythme.
Si ces photographies sont des témoignages essentiels, elles ne présentent cependant que deux moments d’un long processus. D’ailleurs, l’album d’Auschwitz pourrait compléter nombre des étapes de l’extermination : l’arrivée des wagons à bestiaux bondés de prisonniers qui ont voyagé debout, sans eau ni vivres, et qui depuis le printemps arrivent directement dans le camp car une rampe a été construite pour cela. Le tri que les SS opèrent sur le quai à l’arrivée : les hommes et femmes sélectionnés pour le travail, que nos deux sources ne montrent pas, sont séparés des autres, qui sont gazés immédiatement. La confiscation des biens, leur tri, le gazage à proprement parler, la crémation des corps sont autant d’étapes manquantes.
Ces deux clichés ont été pris à Auschwitz-Birkenau. En janvier 1942 la conférence de Wannsee planifie la « solution finale », c’est-à-dire l’extermination systématique des juifs d’Europe. Auschwitz, qui était un camp de mise à mort par le travail est agrandi et devient un camp d’extermination, doté de chambres à gaz. Lorsque ces deux photographies sont prises en mai et août 1944, l’extermination a pris des proportions industrielles. La légende du document 2 précise que les femmes et enfants photographiés sont hongrois. En effet, plus de 400 000 juifs hongrois sont déportés et exterminés au printemps et à l’été 1944, ce qui fait suite à l’invasion de la Hongrie par Hitler en mars de la même année.
Ces deux photographies présentent deux étapes du processus d’extermination. Sur le document 2, trois femmes adultes et huit enfants marchent vers les chambres à gaz, donc vers une mort imminente. Les enfants les plus âgés ont à peu près 10 ans, l’enfant le plus jeune, dans les bras d’une des femmes, n’a certainement pas deux ans. À l’arrière-plan on aperçoit un grillage électrifié et un autre barbelé. Derrière, des baraquements en bois. Les détenus n’opposent pas de résistance visible. On leur dit probablement qu’ils se dirigent vers des douches. Les enfants font de grands pas, comme s’ils devaient marcher vite. Le fait qu’ils portent leurs bagages – des balluchons – montre qu’ils n’ont pas conscience de ce qui les attend. L’absence des hommes rappelle que ceux-ci sont parfois sélectionnés pour le travail.
L’officier SS responsable du laboratoire photographique du camp d’Auschwitz est l’auteur du deuxième document. Son cliché a un rôle informatif, voire de souvenir en direction de la hiérarchie nazie. Il est significatif du regard scientifique et froid que portent les SS sur ce qui n’est pour eux qu’une étape d’un mécanisme administratif. Plusieurs de ces femmes et enfants lèvent les yeux vers le photographe. La photo est nette et bien cadrée. La photographie a été prise sans aucune gêne. On peut même supposer que le SS a interpellé les victimes pour qu’elles lèvent les yeux vers elle.
L’intérêt historique de ces photographies réside aussi dans leur confrontation, leurs auteurs, leurs objectifs, diffèrent fondamentalement. Le document 1 présente le point de vue des victimes, et le document 2 celui des bourreaux.
Pour le document 1, l’auteur est anonyme. Il s’agit d’un détenu juif polonais membre du Sonderkommando de Birkenau, donc chargé de sortir les corps des chambres à gaz et de les brûler dans les fours. Il cherche à témoigner à tout prix, au péril de sa vie. Comment a-t-il pu se procurer un appareil ? Comment l’a-t-il caché ? La photo est floue et le cadrage de travers. La qualité du cliché suggère que la photo a été prise en cachette, à toute vitesse, par un photographe qui n’a même pas pu porter l’appareil à ses yeux. Elle montre l’effort de résistance de certains déportés. Elle est aussi la preuve que ces efforts de résistance pour informer le monde ne sont pas vains : cette photographie nous est parvenue.
L’officier SS responsable du laboratoire photographique du camp d’Auschwitz est l’auteur du deuxième document. Son cliché a un rôle informatif, voire de souvenir en direction de la hiérarchie nazie. Il est significatif du regard scientifique et froid que portent les SS sur ce qui n’est pour eux qu’une étape d’un mécanisme administratif. Plusieurs de ces femmes et enfants lèvent les yeux vers le photographe. La photo est nette et bien cadrée. La photographie a été prise sans aucune gêne. On peut même supposer que le SS a interpellé les victimes pour qu’elles lèvent les yeux vers elle.
Pour le document 1, l’auteur est anonyme. Il s’agit d’un détenu juif polonais membre du Sonderkommando de Birkenau, donc chargé de sortir les corps des chambres à gaz et de les brûler dans les fours. Il cherche à témoigner à tout prix, au péril de sa vie. Comment a-t-il pu se procurer un appareil ? Comment l’a-t-il caché ? La photo est floue et le cadrage de travers. La qualité du cliché suggère que la photo a été prise en cachette, à toute vitesse, par un photographe qui n’a même pas pu porter l’appareil à ses yeux. Elle montre l’effort de résistance de certains déportés. Elle est aussi la preuve que ces efforts de résistance pour informer le monde ne sont pas vains : cette photographie nous est parvenue.
L’intérêt historique de ces photographies réside aussi dans leur confrontation, leurs auteurs, leurs objectifs, diffèrent fondamentalement. Le document 1 présente le point de vue des victimes, et le document 2 celui des bourreaux.
Ces deux clichés ont été pris à Auschwitz-Birkenau. En janvier 1942 la conférence de Wannsee planifie la « solution finale », c’est-à-dire l’extermination systématique des juifs d’Europe. Auschwitz, qui était un camp de mise à mort par le travail est agrandi et devient un camp d’extermination, doté de chambres à gaz. Lorsque ces deux photographies sont prises en mai et août 1944, l’extermination a pris des proportions industrielles. La légende du document 2 précise que les femmes et enfants photographiés sont hongrois. En effet, plus de 400 000 juifs hongrois sont déportés et exterminés au printemps et à l’été 1944, ce qui fait suite à l’invasion de la Hongrie par Hitler en mars de la même année.
Ces deux photographies présentent deux étapes du processus d’extermination. Sur le document 2, trois femmes adultes et huit enfants marchent vers les chambres à gaz, donc vers une mort imminente. Les enfants les plus âgés ont à peu près 10 ans, l’enfant le plus jeune, dans les bras d’une des femmes, n’a certainement pas deux ans. À l’arrière-plan on aperçoit un grillage électrifié et un autre barbelé. Derrière, des baraquements en bois. Les détenus n’opposent pas de résistance visible. On leur dit probablement qu’ils se dirigent vers des douches. Les enfants font de grands pas, comme s’ils devaient marcher vite. Le fait qu’ils portent leurs bagages – des balluchons – montre qu’ils n’ont pas conscience de ce qui les attend. L’absence des hommes rappelle que ceux-ci sont parfois sélectionnés pour le travail.
Le document 1, bien que pris plusieurs mois après le document 2, nous présente un témoignage de la phase suivante du processus. Les détenus, nombreux, sont déshabillés, dernière étape avant d’entrer dans la chambre à gaz. On reconnaît des femmes, nues, qui marchent vers la gauche. Au deuxième plan d’autres victimes sont en train de se déshabiller ou d’ajouter leurs vêtements à ce qui semble être un tas d’habits. La scène se situe en plein air, dans un bois. Cette photographie nous rappelle que l’extermination s’accompagne d’une déshumanisation des personnes déportées. Comme pendant la période de la Shoah par balle, on exige des victimes qu’elles se déshabillent en public et en plein air. Elles sont le plus souvent aussi tondues, ce qu’on ne peut distinguer sur la photographie. Le fait que la scène ait lieu en plein air est aussi dû au fait qu’en cette période, l’afflux de victimes est tel que les infrastructures du camp ont du mal à suivre le rythme.
Si ces photographies sont des témoignages essentiels, elles ne présentent cependant que deux moments d’un long processus. D’ailleurs, l’album d’Auschwitz pourrait compléter nombre des étapes de l’extermination : l’arrivée des wagons à bestiaux bondés de prisonniers qui ont voyagé debout, sans eau ni vivres, et qui depuis le printemps arrivent directement dans le camp car une rampe a été construite pour cela. Le tri que les SS opèrent sur le quai à l’arrivée : les hommes et femmes sélectionnés pour le travail, que nos deux sources ne montrent pas, sont séparés des autres, qui sont gazés immédiatement. La confiscation des biens, leur tri, le gazage à proprement parler, la crémation des corps sont autant d’étapes manquantes.
Pour conclure, ces deux sources sont des témoignages inestimables de la Shoah. Elles témoignent de la manière dont l’Allemagne nazie a organisé le génocide de millions de personnes.
Elles témoignent aussi des efforts de résistance qui ont existé au sein même des camps de la mort, et de ce que l’extermination revêtait comme sens pour les SS en charge du processus.
Elles témoignent aussi des efforts de résistance qui ont existé au sein même des camps de la mort, et de ce que l’extermination revêtait comme sens pour les SS en charge du processus.
Pour conclure, ces deux sources sont des témoignages inestimables de la Shoah. Elles témoignent de la manière dont l’Allemagne nazie a organisé le génocide de millions de personnes.
L’intérêt historique de ces photographies réside aussi dans leur confrontation, leurs auteurs, leurs objectifs, diffèrent fondamentalement. Le document 1 présente le point de vue des victimes, et le document 2 celui des bourreaux.
Pour le document 1, l’auteur est anonyme. Il s’agit d’un détenu juif polonais membre du Sonderkommando de Birkenau, donc chargé de sortir les corps des chambres à gaz et de les brûler dans les fours. Il cherche à témoigner à tout prix, au péril de sa vie. Comment a-t-il pu se procurer un appareil ? Comment l’a-t-il caché ? La photo est floue et le cadrage de travers. La qualité du cliché suggère que la photo a été prise en cachette, à toute vitesse, par un photographe qui n’a même pas pu porter l’appareil à ses yeux. Elle montre l’effort de résistance de certains déportés. Elle est aussi la preuve que ces efforts de résistance pour informer le monde ne sont pas vains : cette photographie nous est parvenue.
L’officier SS responsable du laboratoire photographique du camp d’Auschwitz est l’auteur du deuxième document. Son cliché a un rôle informatif, voire de souvenir en direction de la hiérarchie nazie. Il est significatif du regard scientifique et froid que portent les SS sur ce qui n’est pour eux qu’une étape d’un mécanisme administratif. Plusieurs de ces femmes et enfants lèvent les yeux vers le photographe. La photo est nette et bien cadrée. La photographie a été prise sans aucune gêne. On peut même supposer que le SS a interpellé les victimes pour qu’elles lèvent les yeux vers elle.
Pour conclure, ces deux sources sont des témoignages inestimables de la Shoah. Elles témoignent de la manière dont l’Allemagne nazie a organisé le génocide de millions de personnes.
Elles témoignent aussi des efforts de résistance qui ont existé au sein même des camps de la mort, et de ce que l’extermination revêtait comme sens pour les SS en charge du processus.
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